astrologie

Les polarités mutables

Le zodiaque est constitué d’une alternance entre signes positifs et de signes négatifs, aussi qualifiés de signes masculins et de signes féminins. Ces dénominations n’ont rien de péjoratif, elles correspondent à une polarité naturelle, comme aux pôles plus et moins d’une pile électrique. Et tout comme les deux pôles de la pile sont nécessaires pour produire du courant, les deux polarités sont essentielles au rythme du zodiaque. En outre,selon la terminologie électrique, un courant est qualifié de "différence de potentiel". Au niveau du zodiaque, c’est la "différence de potentiel" induite par les polarités des signes mutables qui produit la conscience.

Les signes positifs mutables (Gémeaux et Sagittaire) correspondent à une phase d’émancipation, de projection vers l’extérieur des énergies constituées ou accumulées dans les signes négatifs. La fonction principale des signes positifs est de libérer, de projeter, d’explorer, de confronter, de se dégager d’une matrice. Ils fonctionnent sous le mode projectif voire spermatique, dans le sens où ils tendent à disséminer les énergies générées en signes négatifs. Psychologiquement, les signes positifs correspondent plutôt à une expression énergétique de type extravertie. Leur mode énergétique préférérentiel, que nous appelons la fonction émettrice, est une manière singulière d’être en relation active, dynamique et extravertie avec le monde, de s’y projeter en utilisant certains facultés et aptitudes personnelles pour y faire sa place. La fonction émettrice est aussi une manière de se libérer ou de s’affranchir de certaines contraintes limitantes en donnant de la voix ou en trouvant sa voie.

Les signes négatifs mutables (Vierge et Poissons) correspondent à une phase de gestation, d’intégration, d’assimilation et de croissance intérieure. La fonction des signes négatifs est de donner corps, de fonder un identité, de tester un pouvoir, de focaliser une expérience, etc… Ils font office de creuset, de foyer, de réceptacle, de matrice où se concentrent des énergies diverses afin de se constituer et parvenir à une maturation. En termes psychologiques, les signes négatifs correspondent plutôt à une expression énergétique de type introvertie. Ils correspondent à la fonction réceptrice des signes mutables.

La polarité positive mutable

La polarité positive mutable est manifestée par les signes Gémeaux-Sagittaire. Pour ceux-ci, il est important d’être relié au monde, de s’immerger dans le flux des idées et des savoirs. L’extériorisation et les échanges intellectuels ou toute autre forme de contacts sont essentiels à leurs yeux. Le rôle de ces signes de polarité positive est d’explorer l’environnement extérieur, d’en expérimenter l’altérité et la diversité, tant sur le plan relationnel qu’au niveau mental. C’est pourquoi le langage et l’écriture sont donc les vecteurs relationnels privilégiés de ces deux signes.

L’axe positif Gémeaux-Sagittaire, par sa fonction émettrice, est à mettre en rapport avec ce que nous appelons l’utilisation de la connaissance. Il s’agit d’une manière d’être en relation avec le monde fondée sur le contact. Les éléments AIR et FEU qui conditionnent les signes du Gémeaux et du Sagittaire sont des énergies de moindre densité. La volatilité du Feu et la versatilité de l’Air impriment à ces signes des modes particuliers de sensibilité et de comportement. Les interactions sont prédominantes et engendrent des mouvements multiples.

La connaissance dont il est question ici est fonction de son utilisation en tant que vecteur relationnel manifesté par le langage et l’écriture. Les mots, le langage sont des véhicules servant à transporter du sens, à transmettre du savoir entre les êtres humains, à entrer oralement ou scripturalement en " contact " avec autrui. En Gémeaux comme en Sagittaire le savoir est utilisé comme objet d’intellection et d’échange. Ce couple de signes symbolise donc le mouvement externe de l’esprit.

L’utilisation de la connaissance

Nous avons vu que l’axe positif Gémeaux-Sagittaire concerne l’utilisation de la connaissance en tant que mode d’expression propre à cet axe. Le langage est le véhicule de cette expression individuelle dans la communauté humaine. L’échange verbal fonde l’interaction intelligible entre les êtres en tant que mode de communication principal. Une idée ou une théorie commence à exister dans le monde à partir du moment où elle est exprimée. Dès cet instant, elle peut donner lieu à une décision, une action ou un acte. Elle peut ainsi engendrer quelque chose de nouveau, que ce soit un mouvement, un objet ou simplement une autre idée. C’est ici que le mode mutable interagit avec les modes cardinaux et fixes. La fonction émettrice de l’axe Gémeaux-Sagittaire est de renseigner ces autres modes

En tant que signes de polarités positives, les Gémeaux et le Sagittaire sont amenés à exprimer de manière concrète leurs productions intellectuelles, à donner corps et substance par " raisonnance " aux concepts qu’ils expriment par l’entremise des signes cardinaux et fixes. Ils " émettent " des opinions ou des idées, parce que celles-ci sont les émanations de leur personnalité et ils veulent le faire savoir. Mais chacun de ces signes a une approche très différente sur la question. Les Gémeaux apprécient l’utilisation de la connaissance parce qu’elle engendre des possibilités nouvelles, des combinaisons inattendues, des perspectives prometteuses. Le Sagittaire en revanche voit dans l’utilisation de la connaissance une source de pouvoir grâce auquel il pourra s’élever socialement ou intellectuellement, une manière d’englober ou même de gober le monde.

Gémeaux : Être ou ne pas être, là est la question

Chez les Gémeaux, la tendance à l’extériorité est particulièrement manifeste. La fonction positive mutable s’appuie sur l’élément Air, donc sur des principes de fluctuation et de versatilité, qui ont pour effet de privilégier le domaine du mental. Mais l’énergie mentale est ici défocalisée, dispersée et se manifeste par une tendance marquée à multiplier et à diversifier les contacts, les échanges, les discussions et .es sollicitations intellectuelles, car ceux-cis leurs permettent d’organiser leur univers mental selon des critères de familiarité. Les Gémeaux " familiarisent " leur environnement pour mieux le domestiquer, ils " se familiarisent " avec ce qui est à portée de main ou de voix, et ils deviennent très rapidement "familier " avec les autres. La recherche avide de stimulations diverses et multiples (contacts, échanges, amitiés ) fondent ce signe à se sentir apparenté à la famille humaine, au niveau de la pensée et des idées. C’est la notion d’interconnexion qui incite le natif des Gémeaux à agir de la sorte. Etre relié aux autres de manière aussi riche – ou superficielle – lui permet de fonder son identité sur le mouvement relationnel, mais peut aussi l’amener à faire l’économie d’un travail de conscientisation intérieur ou d’approfondissement personnel. L’influence majeure de la planète maîtresse du signe, Mercure, est de favoriser les échanges et d’inciter au mouvement. Il faut que ça bouge ! D’où la curiosité légendaire du signe, sa facilité de contact et son don inné pour nouer –et dénouer– des relations, de passer de l’une à l’autre si aisément.

Signe positif émetteur, le Gémeaux supporte mal la solitude ou l’isolement. Pour lui, être veut dire être ensemble, être plusieurs, être multiples, et rien de l’angoisse plus que l’indifférence. C’est pourquoi il saute sur la moindre occasion pour ne pas se retrouver seul, et à défaut de contact de chair et d’os, le téléphone ou les technologies de la communication sont une aide précieuse pour maintenir les liens nombreux qu’il a tissé. La fascination du Gémeaux pour le monde est ainsi soumise au principe de préhension. A l’instar du petit enfant qui joue à attraper des objets puis à les rejeter (rapprochement-éloignement), ce signe cherche aussi à saisir le plus possible de choses, de situations ou de personnes pour les mettre dans sa besace existentielle, quitte à s’en défaire lorsqu’ils n’ont plus d’intérêt à ses yeux. Tel un caméléon, il peut changer de couleur, d’avis ou de relation selon les circonstances, sans que cela puisse lui poser un quelconque problème moral. Il multiplie dès lors toutes les occasions de parler et d’échanger, mais perd souvent celles de se taire. Et contrairement à Rudhyar qui affirme que ce signe possède une tendance fondamentale à la particularisation et à la personnalisation, il nous semble plus juste de dire qu’il excelle plutôt dans les généralités et dans l’impersonnel. Car le Gémeaux n’est à priori ni philosophe ni profond, et c’est peut-être là son principal atout. Il peut certes accumuler un savoir immense, sa curiosité perpétuellement en éveille le prédisposant à assimiler énormément de connaissances, mais c’est plus par esprit de jeu que par esprit de sérieux qu’il s’entiche de savoirs. Son polymorphisme psychique l’incite plutôt à expérimenter les différents registres du Moi et de la personnalité, sans jamais conclure qu’il est cette personne ou cette autre, frôlant souvent la schizoïdie mais s’amusant sans cesse de cette multiplicité de manière d’être.

Sagittaire : Questionner ou ne pas questionner, là est l’être

Au Sagittaire, la fonction positive mutable prend sa source dans l’élément Feu. Le Feu sagittarien (principe Chaud et Sec) agit comme un concentrateur, un condensateur des énergies à disposition . Pour ce signe, l’extériorité est toute aussi importante qu’au Gémeaux, mais elle s’exprime par une dynamique énergétique basée sur un mouvement focalisé. Ainsi, le mouvement engendré par la polarité positive de ce signe vise toujours un but précis, un objectif défini ou un résultat escompté. La quête du Sagittaire est souvent initiée par une question claire ou une interrogation précise.
Le Sagittaire entretient un rapport à la connaissance qui est moins soumis à la multiplicité des stimulations mentales qu’à leur organisation systématique. La capacité de conceptualisation du signe cherche à mettre en évidence les liens ou relations existants entre des savoir différents, que ce soit par l’étude ou par les voyages. Il est plus préoccupé d’ordre et de théorie, de mise en perspective que ne le sont les Gémeaux. La pensée et les objets d’intellection sont ici définis en fonction de leurs rapports au monde, alors qu’en Gémeaux ils étaient définis en fonction de leur environnement immédiat. La fonction émettrice du Sagittaire va plus porter l’accent sur des ensembles conceptuels, des systèmes de pensées et sur la manière de les communiquer de façon optimale que celle du Gémeaux, qui se résume plus à brasser des préceptes qu’à brosser des concepts. Pour ce faire, le Sagittaire sera sans doute amené à chercher, loin de son environnement personnel, les schèmes heuristiques ou les modèles épistémologiques dont il a besoin pour synthétiser sa connaissance en des ensembles plus inclusifs. Il va interroger le monde pour tenter de découvrir la singularité de sa diversité. Le Sagittaire est animé par une sorte de métaphysique de la question qui le pousse à chercher, toujours plus loin, des explications pouvant satisfaire sa conception du monde. Ce signe possède en effet souvent une sensibilité philosophique exacerbée –exprimée ouvertement ou encore latente–, cherchant sans relâche les réponses aux questions qu’il se pose sur la nature et la signification ultime de la vie, de l’homme et de la connaissance. Cette recherche de sens, que ce soit par le voyage ou l’acquisition de connaissances philosophiques ou ésotériques, se caractérise par la mobilité de la conscience dans ses tentatives d’établir des liens entre les choses. La recherche d’appartenance du Sagittaire se caractérise donc par une recherche de sens et de signification. Mais c’’est moins l’interconnexion des contacts que l’interrelation des savoirs qui incitent l’individu à entreprendre sa quête.

Le mécanisme à l’oeuvre dans ce signe est l’inverse de celui observé au Gémeaux. La fonction émettrice du Sagittaire l’incite à s’éloigner de son environnement familier pour saisir (se rapprocher) des objets qui lui sont étrangers (éloignement-rapprochement). Le principe agissant ici étant la compréhension de ce qui est différent, donc de l’altérité sous toutes ses formes (pays, culture, personnes, idées, etc.). Le Sagittaire se projette donc dans le monde pour tenter d’en circonscrire l’idéalité et les principes immanents de l’altérité. En ce sens, le domaine par excellence du Sagittaire, c’est la noosphère, la dimension supérieure de la connaissance et de l’esprit, le phénoménal et le nouménal, et, par-dessus tout, le rapport de l’un à l’autre. Le Sagittaire tente de trouver à travers sa relation au monde les éléments qui lui permettent d’enrichir la signification de son rapport à la société. Son sentiment de participation existentielle provient ainsi de l’ordre et de la structure personnelles qu’il parvient à donner aux connaissances qu’il acquiert. Ainsi, pour ce signe, être c’est questionner et questionner c’est être.

L’un et l’autre, l’un est l’autre

Au yeux du Gémeaux, les être sont tous identiques quoique différents dans la forme. Pour le Sagittaire ils sont tous différents quoique identiques dans le fond. Le premier recherche les différences entre les gens, il se nourrit de pluralité, tandis que le second a tendance à chercher leurs similitudes fondamentales et se délecte de singularité. Pour le Gémeaux, l’Homme est au centre du monde, et toutes choses devraient obligatoirement graviter autour de lui. Il aimerait en être le chef d’orchestre. Pour le Sagittaire le Monde est au centre de l’Homme, c’est pourquoi celui-ci le parcours dans tous les sens afin de saisir son unité centrale. Il aimerait en être le Démiurge.

La polarité négative mutable

Chaque être humain passe, au cours de sa vie, par plusieurs stades de développement. De l’utérus maternel, il s’inscrit dans la dyade Père-Mère, puis dans la famille élargie (frères et soeurs), puis dans le clan (oncles, tantes, cousins), le village ou le quartier, dans la région, le pays voire même le continent qu’il habite. Il s’inscrit donc progressivement dans différentes matrices. Que ce soit dans la matrice utérine, la matrice familiale ou la matrice socio-culturelle, l’être humain est ainsi contenu et dépendant de l’enveloppe physiologique, psychologique ou pédagogique qui l’a accueilli. Appliquée au couple mutable Vierge-Poissons, cette notion de matrice nous permet de comprendre ce que signifie la notion de polarité négative pour cet axe. Les signes négatifs correspondent en effet, nous l’avons dit, à un principe de gestation, d’intégration et d’assimilation. Ils se distinguent des signes positifs par une réceptivité, un sentibilité et une intériorisation accrue des affects et des sentiments. La polarité négative mutable agit comme la matrice par laquelle l’individu expérimente intérieurement voir symbiotiquement le monde qui l’entoure. Ces différentes matrices (biologique, familiale, etc.) constituent autant de membranes protectrices contre les agressions externes, elles sont nourricières et rassurantes, mais elles peuvent aussi être des bulles hérmétiques qui isolent l’individu du monde extérieur. La menace cachée de la polarité négative mutable est le repli sur soi, l’enfermement psychique ou relationnel, le refus du contact extérieur par peur de l’envahissement. En Vierge comme en Poissons, cette problématique est évidente quoique inversée. Ce qui compte pour la Vierge c’est d’avoir conscience des limites quelles qu’elles soient, de garder ses distances en développant des rituels et des comportements parfois maniaques d’autoprotection. Pour les Poissons, c’est le contraire. Du fait de sa grande émotionalité, ce signe ressent la moindre agression comme un envahissement psychique contre lequel il est difficile d’opposer de la résistance car il ne possède pas ou peu ce sens de la limite. La stratégie de défense des Poissons est donc la fuite sous toutes ses formes : rêves, drogues, évasion par la musique ou le voyage, don ou abandon de soi dans le service aux autres, etc. La différence entre ces deux signes est que la Vierge oppose son corps physique comme ultime rempart à l’agression réelle ou imaginée (somatisation), tandis que le natif des Poissons se dissocie psychiquement de la réalité lorsque celle-ci est trop contraignante (schize psychique). Le corps physique (Vierge) et le corps psychique (Poissons) sont ainsi les caisses de résonnance grâce auxquelles ces signes effectuent les transformations nécessaires à leur évolution. Le couple Vierge-Poissons exprime de façon particulièrement exacerbée cette réceptivité intérieure du corps et de l’âme. La fonction réceptrice est ainsi le mode préférentiel d’être au monde de ces deux signes.

L’axe Vierge-Poissons

Autant l’axe Gémeaux-Sagittaire est concerné par la préhension et la compréhension, autant l’axe Vierge-Poissons est à mettre en rapport avec la " répréhension " et l’appréhension. Ces deux derniers mots sont intéressants à bien des égards pour expliciter la dynamique qu’entretiennent ces deux signes négatifs. Le dictionnaire nous donne de l’appréhension la définition suivante : Appréhender : 1) saisir au corps, arrêter. 2) Saisir par l’esprit. 3) envisager avec crainte, redouter. Il apparaît ainsi que l’appréhension indique à la fois le fait de se saisir de quelque chose, de l’arrêter ou le circonscrire, mais aussi d’en être incapable. L’ambiguïté de ce mot est signifiante et explicite bien la problématique à l’oeuvre dans l’axe Vierge-Poissons. La Vierge appréhende le monde en l’arrêtant, en le limitant au connu, alors que les Poissons appréhendent celui-ci en se laissant traverser ou submerger par son flot perpétuel de vie et ses dimensions fondamentalement inconnaissables.

Vierge : émouvoir le corps

La polarité négative mutable trouve son expression, en Vierge, dans le domaine de la matière (Terre), c’est-à-dire au niveau du corps physique en tant que réceptacle. Dans ce signe, le caractère réceptif emprunte la fonction corporelle, somatique pour s’exprimer. C’est donc par rapport à la santé physique – et notamment la digestion– que la Vierge manifeste sa relation au monde. La fonction assimilatrice, transformatrice de la digestion nous permet d’intégrer et d’utiliser les substances vitales nécessaires à notre survie. Cette assimilation s’opère, au niveau physiologique, dans les intestins pour la nourriture, dans les poumons pour l’air et dans notre cerveau pour les idées. Ces organes nous permettent de trier, discriminer et assimiler les substances ou informations (nourritures physiques ou psychiques) que nous ingérons. Ils permettent à l’organisme de disposer des éléments essentiels (protéines, graisses, oxygène, etc.) à son bon fonctionnement et à son équilibre cellulaire. Lorsque la circulation des aliments ou des pensées est perturbée, c’est-à-dire lorsque nos capacités de discrimination et d’assimilation entre notre corps et notre esprit ne sont plus équilibrés, apparaissent alors toutes sortes de symptômes qualifiés de " psychosomatiques ". Maux de tête ou de ventre sont quelques-unes des expressions de ce dérèglement relationnel à notre corps. L’excès de contrôle ou le refus pur et simple d’une relation équilibrée au corps abouti à la constipation, qu’elle soit mentale ou digestive ou à l’excès de nervosité (Mercure) qui a une incidence négative directe sur notre organisme. C’est un peu comme un gendarme qui doit régler le traffic automobile. Un excès de zèle, une grande nervosité ou les refus des priorités mènent à l’embouteillage et donc aux problèmes de circulation ou de transit. Nous passerons vite sur le " complexe anal " freudien propre à ce signe pour souligner que le perfectionnisme ou la discrimination excessive de la Vierge peuvent aboutir au refus pur et simple du corps – par dégoût, culpabilité, rejet – et de ses fonctions naturelles. Cette relation problématique au corps peut évidemment être projetée, et dans ce cas c’est la santé des autres qui devient le terrain de résolution des questions que se pose le sixième signe zodiacal quant à son organisme.

En fin de compte, si la Vierge expérimente la connaissance par l’intermédiaire du corps, c’est pour mieux caractériser son identité. Elle définit des cadres, pose des limites ou subit des contraintes parce que sa proximité avec la Balance et la collectivité peut être ressenti comme une menace inconsciente. " Le non-Moi, l’Autre est à ma porte, bouclons-là à double tour, car on ne sait jamais qui rôde dehors " dit la Vierge. Le non-Moi que la Vierge redoute est tout ce qui peut traîner " au-dehors ", personnes étrangères, animaux sauvages, virus, bactéries et autres " saletés " comprises ! Une bonne hygiène est une manière de tenir les importuns à l’écart, mais lorsqu’elle est excessive et maniaque, elle est le signe d’une coupure paranoïaque avec l’environnement en général (biologique, socio-affectif), d’une cristallisation (TERRE) psychique démesurée d’une personne qui semble avoir déclaré sa guerre au biologique. Au positif, la Vierge préserve son corps, elle l’écoute et l’entretient, alors qu’au négatif elle se coupe de son corps et celui-ci reviendra tôt ou tard lui rappeler ses droits sous formes de maladies, petits maux et autres désagréments physiques.

Poissons : incorporer l’émotion

Chez les Poissons, ce même pouvoir de réceptivité est particulièrement exacerbé. La fonction négative mutable s’exprime ici dans le domaine des émotions (Eau). Ici, la caisse de résonnance est la fonction psychique émotionnelle. L’être résonne émotionnellement avec le monde, il s’immerge dans les eaux profondes de la conscience transcendante qui n’a plus besoin du langage verbal pour établir des relations avec la dimension " cosmique ", " mystique " de la vie. Dernier des signes mutables, ce signe fait passer la notion de communication de sa dimension linguistique à sa dimension alinguistique, du verbal au non verbal, de l’exprimé à l’inexprimable. Ce signe indique par cela que l’homme possède une capacité d’accéder au nouménal, au spirituel, à l’essence des choses, mais que pour parvenir à expérimenter cette essence il faut laisser son vocabulaire et ses idées préconçues au vestiaire. La participation empathique des Poissons à la vie est à l’image de ces megaconcerts de rock où le public vibre à l’unisson aux accords des musiciens, durant lesquels l’individu s’oublie en s’imprégnant de la ferveur émotionnelle collective.

L’expérience de la connaissance

Dans l’axe " négatif " Vierge-Poissons, c’est le mouvement interne de l’esprit et de l’âme qui est important. La connaissance, pour la Vierge et les Poissons, n’est significative que si elle constitue une expérience intérieure, physiquement ou psychiquement palpable, que si elle " impacte " avec le corps et la psyché. L’expérience de la connaissance que font ces deux signes est moins le fait d’un processus de cérébralisation ou d’une mentalisation comme c’est le cas aux Gémeaux et au Sagittaire que d’un mécanisme par lequel le corps et l’âme " informent " et éclairent la conscience par résonnance physico-émotionnelle. Ces signes ont en effet tendance à ressentir le monde plus qu’à le penser, du fait de leur nature plus introvertie (polarité négative). Vierge et Poissons sont ainsi concernés par l’expérience de la connaissance en tant qu’elle est génératrice d’impressions sur la sensibilité du corps et de l’âme. Ce qui compte pour ces deux signes, c’est la résonnance interne qu’induit la connaissance comme moyen de découverte de soi et des autres. Ce mécanisme, souvent inconscient chez certains natifs de ces signes, constitue néanmoins un mode particulièrement riche de " connaître " le monde. Le langage, l’expression orale en tant que vecteur de signification et de sens est moins important que la qualité vibratoire, l’intonation et les multiples inflexions de la parole qui affectent directement ou indirectement le corps et l’âme. Car c’est au niveau du ressenti, du feeling que ces signes fonctionnent préférentiellement et l’écoute attentive des mouvements du corps et de la sensibilité est le meilleur outil dont ils disposent pour expérimenter et comprendre le monde, par sympathie.

L’expérience de la connaissance que font ces signes les orientent dès lors souvent vers des décisions et des actions qui sont motivées par le sentiment intime d’être utile aux autres. C’est pourquoi la notion de service est si importante pour ces deux signes. La connaissance acquise ne prend du sens intérieurement que si elle sert à quelque chose ou à quelqu’un. La Vierge tendra à se rendre utile vis-à-vis des autres par son travail ou sa méticulosité, son désir de bien faire les choses, au risque parfois d’être maniaque, afin de pouvoir ressentir intérieurement ce sentiment de sympathie. Les Poissons, quant à eux, chercheront ce sentiment d’utilité en expérimentant, de manière très empathique et émotionnelle leur relation aux autres.

Mais la motivation fondamentale qui les poussent à se dévouer corps et âme aux autres repose sur des raisons opposées. Le sacrifice de soi, l’abnégation ou toutes formes de renoncement de l’ego ne sont pas toujours des comportements désintéressés, en dépit des apparencess. En choisissant de se consacrer aux autres, certains natifs de la Vierge s’assurent une sécurité émotionnelle par le contrôle qu’il peuvent exercer sur ceux dont ils s’occupent. Leur besoin d’ordre et de perfection, de propreté et de règles claires cache mal leur malaise identitaire, leur difficulté à vivre dans une certaine insouciance et une spontanéité car elles comportent toujours de l’imprévu. L’individu Poissons est quant à lui souvent animé par un besoin de redemption. Son abnégation souvent industrieuse, sa manière de se rentre indispensable aux autres est aussi un moyen d’éviter de sonder ses propres profondeurs psychiques et de risquer d’apercevoir les monstres qui s’y cachent. L’oubli de soi est certes un comportement nécessaire, moralement gratifiant et socialement valorisé, mais le sens du sacrifice peut aussi être une manière d’entretenir une certaine dépendance des autres à son égard, de manipuler des sentiments et des personnes en jouant sur leur culpabilité et leur reconnaissance, car toute transaction humaine implique la réciprocité. L’Histoire abonde de ces " Sauveurs du monde " abusant de la crédulité et des sentiments des autres pour tenter de se trouver une identité qui leur fait défaut et qu’ils essaient d’obtenir en se faisant vénérer d’une manière ou d’une autre, par le regard que les autres portent sur eux.